La voix de la presse écrite chinoise sur la pollution se fait de plus en plus forte
Le problème
immense auquel devra faire face la Chine dans les prochaines années, la
pollution, suscite de nombreux papiers dans la presse écrite. Le dernier en
date est l’éditorial du magazine 凤凰周刊 (rédigé
par 周兼明,
Zhou Jianming), daté de la première semaine d’octobre, qui pose clairement la
question du développement économique et de la pollution insupportable que cela
engendre pour certaines régions de Chine : créant parfois des émeutes, des
mouvements de protestation dans les campagnes, etc. Car c’est cette population (la plus pauvre) qui
est la plus durement touchée. Elle en subie les conséquences : morts, maladies
graves… puisque la nourriture, l’eau, l’air
(séparément ou parfois combiné dans les régions les plus touchées) sont pollués
à des degrés élevés, voire très élevés.
Un rapport
scientifique, continue l’éditorialiste, montre que toute l’énergie consommée
par la Chine pour 100 millions de dollars américains de PIB est de 120300
tonnes équivalent charbon, ce qui fait environ 7,2 fois plus que le Japon (pour
la même quantité d’énergie consommée), 5, 62 fois plus que l’Allemagne et 1,2
fois plus que l’Inde ; ces chiffres montrent très clairement le gaspillage
énorme de l’économie chinoise.
Ce développement
économique vertigineux, et surtout incontrôlé, a des effets désastreux sur l’environnement :
l’eau de plus de 75 % des rivières et des fleuves est inutilisable, et impropre
à y faire élever des poissons (or les chinois sont très friands des poissons de
rivière !). Les terres désertiques progressent année après année et
atteindraient aujourd’hui plus de 1,75 millions de km², c'est-à-dire plus de
18 % de la surface totale du pays, affectant plus de 400 millions de personnes,
processus,qui ,malheureusement ,ne fait qu’empirer chaque année ! (1)
La qualité de l’eau, de la nourriture, de l’air, se dégradent à très
vitesse, provoquant déjà dans certaines provinces de vives tensions entre les
ruraux, les entreprises responsables des pollutions et les responsables locaux.
Durant cette seule année, plusieurs incidents ont été répertoriés : de
vastes étendues d’eau ont été polluées dans la province du Yunnan en septembre
de l’année dernière, même problème en février de cette année dans la ville de
Yancheng dans le Jiangsu, ainsi qu’en juillet (2009) dans la ville de Liuyang
dans le Hunan, puis ce fut des pollutions au plomb dans le district de
Fengxiang dans le Shaanxi et dans la ville de Wugang dans la province du Hunan,
etc. La liste est beaucoup trop longue pour énumérée tous les incidents graves
qui ont pu se produire, car si ces incidents-là sont connus c’est tout
simplement parce qu’ils se sont produits à une grande échelle, mais quid de ceux qui sont moins importants
et pourtant tout aussi dévastateurs !
La politique gouvernementale chinoise ne se préoccupe que d’une seule
chose, les chiffres de la croissance économique (enfin ! des chiffres
publiés par une dictature peuvent-ils être crédible ?), au détriment de l’environnement,
ce que les responsables paieront au prix fort dans les années futures, prédit l’éditorialiste,
si un changement de cap en ce qui concerne la protection de l’environnement n’était
pas entrepris dès aujourd’hui. Mais n’est-il pas déjà trop tard pour
modifier la direction d’une locomotive s’alourdissant davantage chaque jour, pour
ne pas risquer tout simplement un déraillement, qui là, serait nettement plus
problématique pour les dirigeants chinois. La pollution est un problème qui
surgira à moyen et long terme, or la vue des dirigeants communistes n’est qu’une
vue à très court terme. Donc ce n’est que lorsque la pollution deviendra un
problème à court terme que les politiques chinois se soucieront de cette
question ! En attendant un hypothétique miracle ! Sait-on jamais.
(1) D’après
un rapport de l’Université Harvard publié dans le « 亚洲季刊 ».
(Source : 凤凰周刊, l’Hebdomadaire Phœnix, première semaine
d’octobre 2009)