Les diplômés chinois du supérieur de 2010.
Tout d’abord leur nombre : 6 310 000 diplômés chinois du supérieur pour l’année 2010 (soit 20 000 de plus qu’en 2009). D’où notre étonnement, comment les médias peuvent-ils avoir des chiffres si précis alors que les examens de fin d’année n’ont pas encore commencé !! Comment expliquer cela ? Vous avez votre idée ? Nous aussi !
En tout cas, on apprend que depuis la crise économique, les entreprises étrangères sont moins sollicitées par les diplômés des grandes écoles chinoises telles que Fudan, Jiaotong, Beida ou encore Qinghua. À la place, ils préfèrent commencer leur carrière dans des entreprises chinoises, leur choix se portant tout particulièrement sur les grandes entreprises d’État (on peut comprendre leur choix : garantie de l’emploi, salaire élevé, plus primes diverses plus ou moins légales ! Il faudrait être idiot pour ne pas voir là une opportunité formidable de carrière).
En effet, les salaires de base de ces diplômés n’ont pas vraiment augmenté ces dernières années. Par exemple, la Banque HSBC recrute depuis 5 ans des diplômés avec un salaire de base de 5000 yuan par mois, un salaire presque aussi élevé que dans les grandes entreprises chinoises, de plus, ces entreprises étrangères ont été pour la plupart fortement touchées par la crise économique, les recrutements ont donc bien souvent été soit tout bonnement annulés, soit ils ont été repoussés à des moments plus prospères. Le choix des étudiants est éloquent : 37 % d'entre eux préfèrent intégrer une grande entreprise étatique chinoise, 15 % d’entre eux souhaitent intégrer une entreprise étrangère ! Quand on sait que le premier désir des étudiants est de devenir fonctionnaire, les mondes littéraires, artistiques, entrepreneuriaux et autres ont du souci à se faire, ce n’est certainement pas de cette manière que la Chine deviendra une puissance innovante dans les domaines des technologies ou des idées !
N’oublions pas également le fossé immense qu’il y a en les grandes écoles chinoises et la flopée d’écoles privées, d’universités secondaires qui forment, elles, la plupart des étudiants ; la situation de ces diplômés est quant à elle beaucoup plus négative, car il y a nettement moins de postes qu’il n’y a d’étudiants diplômés.
Enfin, plus de 55 % des diplômés de 2009 avaient un salaire de moins de 3000 yuan par mois (moins de 350 euros), ce qui représente un salaire de misère pour les étudiants fraichement diplômés d’universités shanghaiennes sans y avoir le « livret de résident de Shanghai » (hukou). La plupart des diplômés du supérieur en Chine ne perçoivent, en entrant sur le marché du travail, qu’un salaire mensuel en général compris entre 1500 et 2500 yuan (175 à 290 euros) ; il ne faut pas non plus surestimer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des meilleures universités chinoises, car eux aussi peinent à trouver des emplois à la hauteur de leur supposée formation « supérieure » (1) !!
(1) À propos de la recherche fondamentale et même de la recherche en générale, nous vous conseillons la lecture de l’excellent chapitre de Zhang Letian paru dans l’ouvrage suivant « La société chinoise vue par ses sociologues – Migrations, villes, classes moyennes, drogue, sida, La crise de la recherche fondamentale, Zhang Letian, sous la direction de Jean-Louis Rocca, Sciences-Po Les Presses, pp. 289-307 ». Vous ne verrez plus l’Université chinoise du même œil après l’avoir lu !
Source : 第一财经周刊
Wangyoann