La "carte de la mafia chinoise"!
Le magazine 凤凰周刊 (fin novembre 2009) a mis en
avant dans ce numéro: "la mafia", où plus exactement les
"organisations à caractère mafieux" présentent en Chine. Première
page surprenante dans le monde de l'édition chinoise, car cette page est en
noire avec les caractères chinois en blanc : "黑社会 中国黑社会地图" (La mafia, Carte de la
mafia chinoise). Ce dossier fait près de 20 pages où sont décortiquées les
histoires les plus incroyables, de ces dernières années, sur ces
"organisations à caractère mafieux".
L'enquête commence avec l'affaire du moment qui secoue
très fortement la ville de Chongqing, où les "messieurs propres", Bo
Xilai et Wang Lijun, font un travail extraordinaire pour nettoyer la ville de
cette présence tentaculaire de réseaux mafieux (nous rappelons que plusieurs
milliers de policiers travaillent exclusivement sur les affaires
anti-corruption de cette ville, soit près d'un quart des effectifs de police,
sans compter les effectifs militaires venus en renfort!). A la fin juillet de
cette année, le directeur de la police de Chongqing (Wang Lijun) a dévoilé le
chiffre stupéfiant de plus de 3 milliards d'euros d'argent sale (pour le
moment, car l'enquête n'est pas encore terminée) lié à la corruption, et de
manière plus générale à ce que les autorités chinoises ont déjà qualifiées
d'"organisations à caractère mafieux", celles-ci touchant tous les
milieux: des banques, des entreprises (de toutes les tailles), des avocats,
tous les niveaux hiérarchiques de la police, des fonctionnaires, etc.
Ensuite, la rédaction présente sur une double page,
les 10 plus grands chefs mafieux chinois de ces dernières années! Photos en
noir et blanc, dont l'une montre une exécution au fusil de l'un des condamnés,
avec sur la poitrine un papier collé où est écrit en caractères chinois, ce
pour quoi il va être fusillé! (cela rappelle les moments les plus effrayants de
l'histoire chinoise, comme la période maoïste, où les exécutions sommaires
étaient très courantes!).
On continu ce dossier spécial par un récapitulatif
historique, allant de 1986 à nos jours, sur les histoires les plus
exceptionnelles de "mafieux"; description des personnages, de leur
vie et enfin les raisons qui les ont fait « tomber » : meurtres,
trafics à grande échelle, menaces en tout genre contre les plus hautes
autorités des provinces, etc.
Et enfin, on arrive sur la double page la plus
intéressante du dossier, qui est la carte de la Chine avec des hommes en noir
présent dans toutes les provinces de Chine et symbolisant la présence (ou non,
mais les mafieux sont présents partout sur la carte!) des réseaux mafieux; à côté de la carte, on trouve un rapide
descriptifs du nombre d'affaires liées à la "mafia", le nombre de
personnes arrêté et le nombre de personnes condamné dans chaque province.
Toutes les provinces de Chine sont concernées, comme par exemple la province du
Sichuan où il y aurait pas moins de 166 affaires de ce type pour 2059 personnes
arrêtées! Puis en plus petit, sur 3 lignes, on apprend que Pékin, Shanghai,
Tianjin et la province du Xinjiang n'ont pas pu fournir de chiffres sur ce
thème, faute d'informations suffisantes! Les 2 villes les plus importantes de
Chine, la capitale politique et la capitale économique, sont incapables de
fournir de chiffres sur les affaires liées à la "mafia"?? De deux
choses l'une, soit effectivement les autorités de ces municipalités sont totalement
incompétentes pour faire ce type de calcul, et dans ce cas il est urgent
de remplacer ces incompétents par des gens capables, soit ces « affaires »
sont tellement imbriquées dans la vie même de ces villes qu'il est impossible
d'y mener ce genre d'enquête sans risquer un effondrement général à la fois des
dirigeants de ces villes et de leur économie!! En tout cas, l'absence même de
statistiques dans ces villes est criante à tous les points de vue!!!
Enfin, le dossier ce termine sur la difficulté en
Chine de définir ce qu'est la "mafia", il n'existe pour l'heure que
le terme "organisation à caractère mafieux" (黑社会性质组织), apparu dans la
révision constitutionnelle de 1997. Car dans l'arsenal de lois du pays, ce mot 黑社会
(mafia) n'existe pas, les tribunaux doivent donc jongler avec les directives
qui viennent d'en haut (de Pékin) et la loi qui n'est pas très claire dans ce
domaine. Ce sont donc les autorités de Pékin qui tranchent le choix cornélien
pour savoir s'il s'agit d'affaires mafieuses ou non, tout ceci, bien sûr, de
façon arbitraire et en toute transparence!!
(Source: 凤凰周刊,
fin novembre 2009)
Wangyoann