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La Chine de Chine
8 janvier 2010

Mao Zedong : idolâtrie incroyable, encore présente de nos jours !

     Depuis le 26 décembre 1993, une statue de 10 mètres à l’effigie de Mao Zedong trône sur la place Mao Zedong de la ville Shaoshanchong (petit village appartenant à la ville de Shaoshan, là où est né Mao Zedong). La date choisie pour ériger cette statue est symbolique, 26 décembre 1993, car elle marqua le centième anniversaire de la naissance de Mao Zedong. Depuis cette année-là, tous les ans, un même rituel surprenant et plutôt affligeant se répète à Shaoshanchong (韶山冲) pendant près de 24 heures, de 00h00 le matin du 25 décembre, jusqu'à 23h59 le même jour.

     Cette « procession » insultante pour la mémoire et l’histoire de Chine attire une foule considérable, à tel point que les pelouses, les pentes des collines environnantes sont pleines de monde ; plus une seule place dans le centre du village n’est disponible ! L’idolâtrie honteuse de cette figure extraordinaire (dans tous les sens du terme, surtout d’un point de vue négatif)(1) est relayée par quelques fonctionnaires présents aux propos invraisemblables :  « Dès qu’ils [le petit groupe de fonctionnaires] voient la tête de la statue de Mao Zedong, chacun d’eux a dans la main une photo de lui [Mao], dès qu’ils voient la statue, ils se mettent à marcher en rampant, ils font une prière puis ils continuent leur progression en rampant jusqu’à ce qu’ils arrivent sur la place de la statue, chaque personne [du groupe] a son pantalon abîmé au niveau des genoux, et qui plus est, leurs genoux ruissellent de sang » !! [Nous vous faisons grâce d’autres commentaires supplémentaires de ces fanatiques « idiots » ; peut-être par si idiots que cela, à moins qu’ils aient, pour accomplir ce « rite », une arrière-pensée pour une future promotion, en montrant bien ostensiblement leur dévotion au régime !]

     Cette « dévotion » autour de la statue de Mao crée un véritable « business » dans le village de Shaoshanchong. Ce n’est qu’en 1983 qu’on commença dans le village à vendre des objets à l’effigie de Mao Zedong. À cette époque, la plupart des articles ne coutaient qu’un yuan (0,1 euro), et lorsque les affaires allaient bien, un vendeur pouvait gagner entre 30 et 40 yuan en une seule journée. Depuis la construction de la statue de Mao Zedong, le monde des affaires, du village et de la région, a beaucoup évolué. Aujourd’hui, une bonne journée pour un vendeur signifie un revenu compris entre 900 et 9000 yuan (entre 90 et 900 euros) ; ce développement économique amenant bien entendu avec lui, son cortège d’escrocs, de magouilleurs et de mafieux.

     Si tant de monde se presse auprès de la statue de Mao, c’est que le régime autorise, encourage même ce type de pratique, car ne l’oublions pas, le socle du régime actuel est la figure tutélaire nommée Mao Zedong. Sa pensée, sa vision de la Chine sont maintenant (presque) complètement enterrées, au profit d’un autre Dieu : le Dieu ARGENT. Pour autant les dirigeants actuels ne peuvent que s’appuyer sur ce personnage, car se celui-ci venait à disparaître, quelle légitimité resterait-il aux mains des profiteurs actuels ?

     Ce qui est effrayant ici en Chine, c’est à quel point la manipulation mentale d’une grande partie de la population (bien sûr de nombreuses personnes arrivent à sortir la tête de cet épais écran de fumée, mais ils ne sont malheureusement pas assez nombreux) fonctionne avec une efficacité redoutable ! Et que dire de ce nationalisme « vengeur » (mot un peu fort, nous le concédons) diffusé par le gouvernement chinois, il fera lui aussi des ravages dans le futur, en particulier dans les relations avec les étrangers !!

(1) Il n’y a qu’à lire les nombreux témoignages de ceux qui furent traités de manière impitoyable sous le joug de ce régime, ainsi que les livres récents de sinologues sur la période maoïste (Roderick Macfarquhar et Michael Schoenhals) : « La dernière révolution de Mao : Histoire de la Révolution culturelle 1966-1976 », Éditions Gallimard, etc. Ou encore le controversé ouvrage de Chang Jung et Jon Halliday : « Mao : L'histoire inconnue », Éditions Gallimard. Nous souhaitons rajouter que le dernier ouvrage cité est présent dans les librairies à Taiwan et à Hong-Kong!!

Source : 凤凰周刊, fin décembre 2009.

Wangyoann.

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Commentaires
W
Est-il trop tôt pour juger Mao? En Chine, sans aucun doute, même si une certaine critique plutôt confidentielle existe tout de même! A l'étranger, peut-on critiquer Mao? Bien sûr que cela est possible, et même fondamental pour un chercheur spécialisé sur l'histoire chinoise de cette période.<br /> Quant à la liberté de critiquer Deng Xiaoping, c'est vrai que les critiques semblent peu abondantes! Quant aux dégâts des politiques menés par ces 2 hommes, les sources, les documents disponibles ne sont pas suffisant pour faire une comparaison pertinente ! <br /> En tout cas, là où la critique est plus ouverte en Chine aujourd'hui qu'autrefois, c'est celle qui est formulée dans le cadre privée ! <br /> <br /> Wangyoann.
B
Je pense qu'on est trop tôt pour juger MAO, et je crois en people plus qu'en soi-disant intellectuel occidentalisé. Je pense qu'en Chine d'aujourd'hui, on est plus libre d'insulter Mao que de critiquer Deng Xiaoping qui, a fait plus de dégât en Chine.
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