Un nouveau scandale du lait frelaté en Chine !!
Retour sur les principaux
scandales de l’année 2009 :
Les affaires du lait frelaté en
Chine se suivent et se ressemblent. Depuis 2008, suite au scandale du lait
frelaté (présence de mélamine dans le lait) de la société Sanlu 三鹿, pas moins de quatre autres affaires
similaires ont éclaté en 2009. La première « affaire » a concerné la
société « 香蕉果园 » (Jardin de la banane). Les autorités
sanitaires de la ville de Tangshan, dans la province du Hebei, avaient détecté
des traces de mélamine dans des bâtonnets de glace. Fort heureusement, personne
n’a été contaminé, selon les autorités chinoises ! Le mois d’avril vit,
quant à lui, deux affaires : la seconde affaire (de l’année), qui éclata
le 9 avril 2009, porta sur le même type de produit : des bâtonnets de
glace (produits qui se vendent très bien en Chine, car le prix est peu élevé),
dans la province du Liaoning. Dans le même mois, le 25 avril pour être précis,
une troisième affaire vit le jour, les produits incriminés étaient tout
simplement du lait à boire ! Et enfin l’affaire qui nous mène à écrire cet
article concerne la quatrième et dernière « affaire » de l’année 2009,
en tout cas, dernière affaire divulguée par le gouvernement chinois, est un
scandale qui devrait provoquer la chute de quelques têtes du parti (chutes au
sens propre comme au sens figuré).
8 mois de « camouflage » :
La raison pour laquelle cette affaire
retient notre attention est la durée de la dissimulation de cette affaire de
lait frelaté : 8 mois !!
Cela veut dire que pendant 8
mois, les autorités ont voulu étouffer cette affaire !
De quelle société
parlons-nous ? La société au centre de ce scandale est la « société [à
responsabilité limitée] de produits laitiers Panda de Shanghai » (上海熊猫乳品有限公司). Oui oui, vous lisez bien, la société au cœur de
cette affaire est une société shanghaienne ! En décembre 2009, une enquête
des autorités de la province du Shandong (山东) avait permis de mettre la
main sur près de 5,25 tonnes de lait en poudre posant problème, dont 3 tonnes
de ce lait en poudre présentaient des quantités anormalement élevées de
mélamine !! Encore une fois, le problème se situe en amont, entre la
production et le produit fini, où les contrôles sanitaires sont quasiment
inexistants. La contamination proviendrait donc d’un des fournisseurs de la
société Panda !! Ce qui est préoccupant dans ce genre d’affaires, et que nous
dénonçons souvent, ce sont les interdépendances entre le monde de l’entreprise
et le parti communiste, car les dirigeants de ces entreprises sont donc à la
fois juges et parties ! Car au final, quelles sont les personnes qui
« trinquent » pour leur santé ? Pas les dirigeants des
entreprises ou du parti, car eux ils achètent ce genre de produits à
l’étranger, où les contrôles sont efficaces et indépendants de toute pression
extérieure (en tout cas dans la plupart des cas !), mais bien toujours les
mêmes !
Les résultats de cette
contamination du lait en poudre de la société Panda sont connus depuis le mois
d’avril 2009, il a fallu attendre la fin du mois de décembre pour que cette
nouvelle affaire soit prise en main officiellement par les autorités
chinoises ! Nous ne parlons même pas des tonnes de lait en poudre
contaminé de la société Sanlu (voir plus haut), qui se sont envolées dans la
nature !
Un autre volet de cette affaire
concerne une société qui a le même nom que celle incriminée ci-dessous (Panda),
mais celle-ci est située au Zhejiang et jouit d’une bonne réputation en Chine (ces
deux sociétés sont indépendantes l’une de l’autre). Dès le mois d’avril 2009, la
société Panda du Zhejiang avait fait part de ses doutes sur la qualité du lait
en poudre de la société Panda de Shanghai en envoyant un rapport au bureau du
contrôle qualité de toutes les provinces et les municipalités autonomes de
Chine. Car la crainte de la société Panda du Zhejiang était de voir sa
réputation mise à mal, à cause de la société Panda de Shanghai. La société
Panda de Shanghai ne s’appelait pas à l’origine Panda (mais Ours
précieux : 宝熊), elle a pu changer de nom
grâce à l’octroi d’un droit d’utilisation de la province du Sichuan !
Comme le nom Panda était déjà le nom d’une entreprise réputée, les dirigeants
ont donc choisi de capitaliser une image positive sur le dos de la marque Panda
du Zhejiang ! C’est comme qui dirait du grand n’importe quoi !
La question centrale sur cette
affaire est : pourquoi les autorités locales ont-elles attendu 8 mois
avant de rendre publics les résultats de cette enquête ? Certaines
personnes au courant des résultats de l’enquête ont déclaré (anonymement, et on
comprend pourquoi) qu’ils avaient été « obligées de se taire, et de
conserver ce secret » ! La raison invoquée : « le secteur
du lait en poudre venait de retrouver le chemin de la croissance, et les
perspectives à court terme étaient excellentes » ! Il s’agit donc une
nouvelle fois de la
« Raison du pognon [qui]
est toujours la meilleure [en Chine]
Nous [l’avons] montrer
[une nouvelle fois] tout à l’heure».
Il ne fait aucun doute que
d’autres affaires de ce type vont encore éclatées au grand jour. Les membres du
parti ont souvent les deux casquettes : pouvoir politique et
financier (sans compter que leur réseau leur permet bien souvent une
protection juridique et également médiatique); comment dans ces cas-là les
malversations et autres entourloupes peuvent-elles être révélées au
public ; certaines le sont, simplement parce qu’elles sont à une échelle
qu’il est impossible d’étouffer !
Quels sont les choix des parents
chinois qui viennent juste d’avoir un bébé ? D’un côté des produits de
marque chinoise dont la qualité est souvent prise en défaut, où de l’autre côté
des marques occidentales qui n’hésitent plus maintenant à communiquer sur d’éventuels
problèmes de qualité de leur produit, politique bien évidemment couteuse, mais
rassurante pour le consommateur. Le choix pour de nombreux Chinois (et Occidentaux
installés en Chine) est donc relativement clair ! Non !!
Source :
今日财经 et 腾讯新闻
Wangyoann