Nombre de condamnation et d’exécution à mort d’étrangers en Chine = mystère !! (2/2)
Et la peine de mort dans tout ça ?
Alors, comment les politiques chinois décident-ils d’exécuter tel ou tel étranger ? En vertu de quels critères ? Comme dans toutes dictatures, les décisions judiciaires (à fortiori pour des peines de cet ordre) ne sont jamais motivées, les seuls justificatifs parfois fournis sont un rappel à la loi chinoise. La loi chinoise peut permettre à un tribunal d’exécuter n’importe quelle personne pour les motifs suivant : « corruption, évasion fiscale, trafic de drogue… » (1). Donc, si l’institution judiciaire chinoise appliquait ses propres lois, elle devrait exécuter des dizaines, des centaines de milliers de personnes, voire quelques millions ! Par conséquent, la question centrale est la suivante : comment certains ne sont-ils condamnés qu’à des peines relativement faibles, alors que d’autres sont condamnés à mort ?
L’opacité d’un tel système judiciaire encourage bien évidemment la corruption, le trafic d’influence, les dessous de table…, tous les moyens sont bons pour acheter une diminution de peine ! Le système politique et judiciaire chinois ne faisant qu’un, les uns et les autres se serrent les coudes, entre pots-de-vin et services rendus (puis éventuellement à rendre), ce sont toujours les mêmes qui profitent de ce système obscur, car bien entendu toute la mécanique, tous les leviers et toutes les décisions sont pris dans les cuisines de la clique du parti communiste !
Une application de la loi des plus douteuses !
Ne nous étonnons donc pas d’entendre les despotes du parti affirmer bien haut que chaque individu « doit être traité de la manière devant la loi » (ce que personne ou presque ne remet en cause), alors qu’en réalité les individus en Chine ne sont bien évidemment pas à armes égales devant la loi chinoise !
La loi chinoise doit être appliquée de la même manière sur le territoire chinois pour un individu de nationalité étrangère ou non, mais la réalité chinoise fait que chaque personne en indélicatesse avec la loi se trouve dans une situation inégale. Premièrement parce que le système est fermé, replié sur lui-même, les droits minimums de la défense sont ainsi quasiment inexistants ! Deuxièmement, en raison d’une loi appliquée, non pas par des juges indépendants, mais la législation est interprétée puis appliquée directement par le pouvoir politique ! L'application finale ou non de cette sentence ultime dépend donc de plusieurs critères : réseau de relations, gravité des faits reprochés, versement suffisant de hongbao, médiatisation ou non de l’affaire, etc.
Alors que les corrompus
(extrêmement nombreux en Chine, comme vous pouvez le constater en nous lisant
régulièrement) peuvent bénéficier d’une mesure dite de peine en
« surséance » de deux ans, pourquoi (pourrait-on se demander) les
corrompus bénéficient-ils facilement de cet aménagement de peine alors que les
trafiquants de drogue non ? Peut-être est-ce parce qu’ils ne connaissent
pas assez bien le système politique chinois et sa « philosophie » du hongbao et de son trafic d’influence !!
Enfin, une des leçons à retenir
du cas du Britannique Akmal Shaikh est que les gouvernements occidentaux n’ont
pas forcément intérêts à rendre ce type d’affaire très médiatique dans leur
pays ! La justice chinoise étant dépendante directement du pouvoir
politique, les pressions que peuvent exercées les pays étrangers se font ainsi
directement sur le gouvernement chinois, créant dans certains cas un
raidissement et un blocage de celui-ci. Mais d’un autre côté, agir en
sous-main, ne serait-ce pas se rendre complice des pratiques inadmissibles et
si courantes en Chine ? Car ne l’oublions pas, ces régimes dictatoriaux
n’aiment pas la « lumière » (sauf lorsqu’il s’agit de faire leur
propre publicité), autrement dit, ils abhorrent la transparence et surtout l’argumentation,
pourquoi croyez-vous que les procès des fonctionnaires corrompus se déroulent
toujours à huis clos ? Car dans la plupart de ces affaires ce sont des
dizaines, voire des centaines de personnes supplémentaires qui seraient
éclaboussées ; pas très bon pour le slogan et la campagne de publicité du
gouvernement : vous vous rappelez « l’harmonie » ?!
Les chancelleries occidentales peuvent-elles rester les bras croisés devant des condamnations à mort de son – ses – propre (s) ressortissant (s), exécutions suspendues aux aléas intérieurs de la politique chinoise !
Peut-on faire plus hypocrite comme régime politique ?
Quand on pense qu’une femme politique française a pu louer la rapidité (parfois) des tribunaux chinois !
(1) Pour avoir une information plus complète touchant à la peine de mort en Chine, nous vous renvoyons vers le site internet suivant :
http://www.abolition.fr/ecpm/french/fiche-pays.php?pays=CHN
Source : 凤凰周刊
Wangyoann